Vous souvenez-vous de la première fois que vous vous êtes connectés sur un rétro Habbo ? Peut-être était-ce un après-midi pluvieux devant le PC de la famille, après en ayant entendu parler dans la cours de recré, dans votre magazine pour pré-ado, ou alors votre grand-frère/soeur avait déjà le droit d’y jouer et vous attendiez sagement votre tour…

Tout le monde se souvient de sa première époque sur les rétros : êtes vous arrivés lorsque les jeux du célibs faisaient rages, quand les “noface” faisaient la loi, ou alors quand il n’y avait encore que quatre ou cinq catégories de mobis au catalogues ? 

Le premier rétro est apparu en 2000, imaginé en Finlande par Sulake Corporation. Il arrive en France en 2004, lorsque les premiers réseaux sociaux font rage. MSN, Skyblog, l’idée de pouvoir communiquer virtuellement avec d’autres ados - que nous connaissont ou non-  est nouvelles et nous intrigues tous. Sur Habbo, le principe est simple :  vous créez un avatar, un petit personnage virtuel que vous pouvez personnaliser, puis vous entrez dans un hôtel en ligne où - à l’époque - des milliers d'autres joueurs se trouvent déjà. L’univers se déploie : des salons de débat ou de clash, des événements, des jeux organisés par une équipe de Staffs bénévoles ou par les joueurs eux-mêmes. Ce qui attire rapidement l’attention, ce sont les mobis : ces objets virtuels que vous pouvez acheter pour décorer un appartement. Qu’il s’agisse d’un canapé ou même d’une piscine, les mobis deviennent la raison principale pour laquelle Habbo est monétisé. 

Habbo a marqué toute une génération : espace de liberté, de créativité et de socialisation. Un endroit où l’on pouvait créer son propre univers, se faire des amis, échanger des idées et même organiser des jeux de rôle. Et puis, pour beaucoup, il y avait cette magie : Habbo était un espace où les limites de la vie réelle n'existaient plus. On pouvait se réinventer, jouer des rôles différents, sans être contraint par les mêmes codes sociaux qu'au collège ou au lycée. On se vieillissait en devenant parents, prof, architecte, ou retombions carrément en enfance en devenant bébé à adopter. 

Pour ceux qui n'avaient pas les moyens de dépenser de l'argent dans le jeu officiel, les rétros “pirates” offraient un accès sans limite aux crédits et aux mobis. Sur ces serveurs alternatifs, les contraintes économiques disparaissent : tout est plus accessible, plus rapide, et surtout, plus personnalisé. Ce modèle de jeu a permis aux joueurs de s’immerger plus profondément dans l'univers de Habbo sans avoir à dépenser un centime.

Les rétros Habbo sont encore aujourd’hui le sanctuaire des joueurs nostalgiques et des nouveaux venus à la recherche de cette expérience particulière. Ce succès montre à quel point Habbo a influencé la culture des jeux en ligne. D'une certaine manière, ces serveurs sont les précurseurs des sandbox games, où les joueurs ont un contrôle total sur leur environnement et leur expérience de jeu. La personnalisation, l’expression créative et la création de mini-univers au sein d’un plus grand, voilà ce rend toujours Habbo et ses rétros si mémorables.

Mais l’impact va bien au-delà du jeu lui-même. Habbo a permis aux jeunes générations de découvrir des concepts tels que le commerce en ligne, l’interactivité sociale et même la gestion d’un espace numérique personnel. Beaucoup ont développé des compétences relationnelles, mais aussi techniques, en apprenant à gérer des échanges, à négocier des objets, à organiser des événements virtuels - ou même à coder !

Les rétros sont également le reflet d'une société où la créativité et la liberté d'expression se heurtent parfois aux règles économiques et légales. Un vrai petit monde, une façon pour nous de nous entraîner avant d’entrer dans le vrai - celui des adultes - et maintenant d’y échapper ?