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10 minutes. C’était le temps qu’il me restait pour arriver à l’heure. Et clairement, c’était mission impossible. Entre les feux rouges qui s’enchaînaient les uns après les autres devant moi et les voitures qui n’avançaient pas, j’étais désespérée.
Cette journée était extrêmement importante pour moi, je ne pouvais pas me permettre de faire un faux pas dès le début. Comment est-ce que je pourrais justifier de ne pas être à l’heure à ce rendez-vous que j’attendais depuis des mois ? Je ne pourrais pas, tout simplement.
Jetant un coup d’œil au GPS, mon cœur rata un battement lorsque je me rendis compte qu’il affichait maintenant 12 minutes. J’avais pris deux minutes de plus et ce n’était tout bonnement pas acceptable.
Inspirant un grand coup, je fixais le feu au-dessus de moi avec insistance. Je savais que ce que je m’apprêtais à faire était stupide mais je m’en fichais. À ce moment-là, plus rien ne comptait à part arriver à l’heure.
Feu Vert.
Je démarrais en trombe pour parcourir l’avenue à vitesse grand V. J’allais vite, beaucoup trop vite. Mais je n’avais plus le choix. Alors que mon compteur affichait une vitesse de 90km/h, je grimaçais en apercevant un panneau avec marqué « 50 » en gros.
Par pitié, faites que les flics ne soient pas de sortie…
Soudain, une sonnerie familière retentit dans l’habitacle, m’obligeant à lever le pied. J’observais mon écran et grimaça en voyant le nom qui s’affichait : Jake. Mon responsable. Il va me tuer…
Sur ces dernières paroles cinglantes, il raccrocha. Je soupirais longuement, exaspérée. Jake était mon responsable depuis deux ans maintenant et, sans raison apparente, il ne m’appréciait pas du tout. Il passait son temps à me mettre des bâtons dans les roues et était de mèche avec l’une de mes collègues, Mendy. Elle aussi me détestait mais je n’avais toujours pas compris pourquoi. Après tout, je ne leur avais rien fait alors pourquoi me vouaient-ils cette haine commune ?
Tamara, une autre collègue, devenue une amie aujourd’hui, était persuadée qu’ils étaient jaloux de ma réussite dans la société. Il faut dire que je ne pouvais pas vraiment leur en vouloir. J’étais arrivée comme simple journaliste et, en seulement deux ans, j’avais décroché le poste de Rédactrice en Cheffe Adjointe. Je savais que j’étais plutôt douée dans mon domaine mais je n’aurais jamais pensé évoluer aussi rapidement. J’étais fière d’avoir su faire mes preuves et montrer de quoi j’étais capable mais ce succès n’était pas au goût de tous.
La petite voix du GPS m’annonçant que j’étais arrivée me ramena soudainement à la réalité. Je garais la voiture sur le parking réservé aux visiteurs et descendit à toute vitesse. La tête baissée à la recherche de mon bloc-notes qui s’était perdu au fond de mon sac, je me précipitais vers l’entrée quand je me cognai brutalement contre quelque chose. Non, pas quelque chose, quelqu’un.
Je me coupais net dans ma phrase et resta bouche-bée en découvrant le visage du jeune homme qui se tenait devant moi. Des cheveux châtains, la peau mate, une mâchoire bien dessinée, il avait tout pour plaire. Il devait avoir à peu près mon âge, peut-être la trentaine à tout casser. J’aurais presque pu être totalement subjuguée si ses yeux d’un vert profond ne me fixaient pas avec autant de mépris.
Mon ton avait été beaucoup plus sec et agressif que je ne l’aurais voulu. Malgré tout, une pointe de satisfaction gonfla dans ma poitrine lorsque son expression hautaine se transforma en un mélange de surprise et de contrariété. Il ne s’attendait pas à ce qu’on lui parle sur le même ton dédaignant visiblement.
Ravie de ma petite victoire, je le dépassais et rentrais dans le bâtiment, la tête bien haute cette-fois. Mais mon plaisir fut de courte durée quand j’aperçus Jake qui faisait les cents pas devant le comptoir de l’accueil. Il lui fallut à peine une seconde pour me repérer et se précipiter dans ma direction. Il m’attrapa par le bras, un peu trop brusquement à mon goût, et m'entraîna vers l’ascenseur le plus proche.
Ses yeux lançaient des éclairs mais je l’ignorais. Je commençais à saturer de son comportement désagréable avec moi et l’altercation de tout à l’heure m’avait quelque peu échauffé.
Nous étions arrivés au 40ème étage bien plus vite que je ne le pensais. Jake s’avança en premier sur le palier et se dirigea droit vers la secrétaire qui attendait patiemment à son bureau. Après quelques mots échangés, celle-ci se leva et nous fit signe de la suivre jusqu’à une grande porte en verre noir.
Je levais les yeux au ciel devant cette mise en scène stupide. Jake était très doué pour amadouer les autres et se faire bien voir. Pourtant, il était loin d’être le responsable parfait qu’il essayait d’incarner. Du moins, pour moi.
Jake n’eut pas le temps de renchérir que la porte s’ouvrit, laissant apparaître un homme d’une trentaine d’années aux cheveux châtains. Soudain, mon cœur s’accélera et mon sang ne fit qu’un tour lorsque je le reconnus.
Silvester. Tobias Silvester. L’un des hommes les plus puissants et riches du monde. Celui pour lequel nous avions passé des journées et nuits entières à préparer cette rencontre qui allait changer la vie du journal.
Le même que j’avais envoyé bouler un peu plus tôt ce matin.
Suite au prochain chapitre...